« C’est une chance pour le Brésil et les Brésiliens
de montrer aux yeux du monde entier la beauté de ce pays. La misère sociale est
bien présente, c’est un fait. Mais ce n’est pas judicieux, ni utile, de
l’afficher. […] Je souhaite que les Brésiliens véhiculent une image joyeuse et
festive pendant le Mondial. Rendez-vous compte, une Coupe du Monde organisée au
Brésil, c’est comme une fête de la saucisse organisée à Strasbourg ou encore la
fête des enfants dans l’Yonne, c’est magique ! Nous savons que la réalité
sociale est assez morose, avec les favelas, la corruption, les sans-abris, et
j’en passe ! Il est inutile que la planète football montre ce spectacle aux
yeux du monde. Il y a assez de chômage ici. Pour les petites gens en Europe, le
Brésil se résume au Carnaval, au football et aux jolies fesses sur les plages.
Ne leur brisons pas leurs rêves ! […] Les Brésiliens aux revenus insuffisants
ne pourront pas approcher des enceintes sportives à moins de dix kilomètres, et
de toute façon, ils n’ont pas un pouvoir d’achat suffisant pour se payer une
place, même pour voir jouer l’Algérie… Nous avons connu assez de problèmes et
de retard pour la construction des stades. La fête se doit d’être réussie,
coûte que coûte ! » Fin de citation.
L’homme qui tient ces propos
s’appelle Michel Platini, et en tant que président de l’UEFA, on comprend
aisément qu’il soit inquiet de voir l’audimat des pauvres Européens être
compromis par les états d’âme des pauvres du Brésil, au prix où les droits
télévisuels sont négociés, au prix où les écrans de publicité sont vendus, au
prix qu’ont investi Nike et Adidas, entre autres sponsors, dans la
compétition : il s’agirait de ne décevoir personne. Et il s’agirait
également de ne pas décevoir Mohamed Bin Hammam qui l’avait rencontré peu de
temps avant que la Coupe du Monde 2022 ne soit confiée au Qatar et qu’on
soupçonne d’avoir versé des pots-de-vin pour soutenir la candidature de son
pays. De quoi parlions-nous déjà ? Ah oui, de sport, de la fête à la
saucisse de Strasbourg et des fesses brésiliennes…
Avec tant d’à-propos, ce bon
Michel aura en tout cas réussi à désamorcer le suspense insoutenable qui règne
à chaque début de compétition : ainsi, on sait d’ores et déjà que quoi que
fassent les bleus sur la pelouse, la France a déjà perdu tout honneur au moment
où le Président Platini a ouvert la bouche.
En son nom, je demande pardon aux
Brésiliens, comme aux autres.
Je
vous livre ici la Newsletter d’Audiofanzine telle que je l’ai reçue ce matin.
Elle mérite que l’on s’y attarde... et ça fait toujours plaisir de constater
que l’on n’est pas seul à penser ce que l’on pense.
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Philosophe du foot |